Images singulières, Sète
Rendez-vous presque traditionnel, nous avons plaisir à aller chaque année à Sète, à la fois pour la ville et son charme, mais aussi pour les expos photos. Images singulières réunit chaque année plusieurs exposants, dans différents espaces.
Cette édition 2019 est marquée par la lourdeur de notre monde, mettant en évidence le parcours des hommes un peu perdus, dans un monde soit qui bouge trop vite, soit qui les oublie, avec en parallèle des dirigeants, au sein de systèmes politiques organisés, dont les complots, les réflexions compromettent parfois les esprits.
Dans la chapelle du haut, le monument donne de la majesté aux photos mais notre regard est souvent plus attiré par le site, par la noirceur de ses hauts murs. Vanessa Winship a tenté de saisir sa vision de Sète mais son regard nous est resté un peu lointain.
Par contre, à La maison de l'image documentaire, la vie de Miss Wish vous amènera les larmes aux yeux. Misère...
Au Réservoir, centre d'art contemporain, des déserts se côtoient. Aux Etats-Unis, avec "No agua, no vida" , des images viennent montrer la raréfaction de l'eau. Les réserves, les cours d'eau ne suffisent plus pour faire face à la folie consommatrice des hommes.
Au Proche-Orient, - "Garden of delight" - des mégapoles se construisent dans d'autres déserts et on ne peut s'empêcher de faire un parallèle. Y-aura-t-il de l'eau dans 30 ou 50 ans ? On ne peut que s'interroger sur l'absurdité, la mégalomanie des dirigeants souhaitant faire d'un espace au préalable sans vie un lieu qui doit rayonner de par le monde.
On regardera aussi ces hommes et ces femmes qui, cachés derrière les murs de ces immeubles, loin de la rue et de sa rigueur vestimentaire, semblent perdus, le regard hagard, au milieu de fêtes modernes, de couleurs artificielles...
Des hommes perdus dans la fulgurance de l'évolution, il en est d'autres. En Chine. Yan Ming, avec "Country of ambition" nous montre quelques images contrastées, où des lambeaux de tradition parsèment des décors récents, artificiels. Que devient un individu dont le monde évolue vite, trop vite ? Il nous est arrivé à tous de regretter un temps passé, avec des repères ; nous connaissons des changements, mais que dire des changements que vivent les Chinois ?
L'eau, les hommes que l'on déracine, il en est question en Irak où l'assèchement de marais avait pour objectif de déloger des "rebelles". Mais de telles manœuvres ne sont pas récentes...
Aux Entrepôts, des travaux "plus que photographiques" - Nouvelles écritures documentaires - se côtoient. "Les Utopies rouges" relatent le quotidien des habitants de l'est de l'Europe, "Is this tomorrow" montre la peur américaine de devenir communiste et "As study of assassination" illustre le terrorisme d'Etat.
Ce terrorisme qui ne veut pas s'appeler terrorisme. La raison d'Etat se donne des raisons, voilà une drôle d'histoire et le parallèle avec des écrits d'organisation terroriste est saisissant.
Instruction de la CIA pour un assaut "efficace" dans un lieu de réunion. Comment ne pas penser à des évènements récents ?
Pour en savoir plus, les expositions, le nom des auteurs : http://imagesingulieres.com/index.php
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Comment finir cet article ? Certes, tout cela n'est pas joyeux. Mais ne doit-on pas regarder la vérité en face, s'ouvrir au monde et à toutes ses réalités ? C'est une belle occasion de combattre au quotidien, de garder un optimisme forcené pour faire bouger les choses, chacun à notre petite place.
Quelques images de Sète pour retrouver de la couleur...